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Situation alarmante en EHPAD

Les EHPAD ne sont plus des lieux de vie

La prise en charge des personnes âgées institutionnalisées en EHPAD s’est considérablement dégradée ces dernières années. En effet, les résidents qui entrent en EHPAD sont déjà très dépendants dès leur admission. Les établissements privés ou de petites tailles continuent de garantir des soins adaptés et de qualité car ils ont la possibilité de sélectionner la personne qui va être admise en fonction de sa dépendance, afin d’équilibrer la charge de travail. Cependant, les EHPAD publics de grande taille et les EHPAD rattachés à un centre hospitalier ne se permettent pas cette « sélection ». La conséquence est que la population accueillie est pour la majorité grabataire et nécessite une charge en soins énorme. Les effectifs soignants ne sont pas suffisants pour répondre aux besoins de ces résidents et garantir la qualité et la sécurité des soins.

Maltraitance institutionnelle :Les impacts sont lourds de conséquences pour les résidents, les soignants et les familles :

Les résidents n’ont pas de réponse adaptée à leurs besoins quotidiens et leur sécurité n’est plus assurée. Les soins qui leur sont dispensés peuvent être traumatiques, voir maltraitants. En effet, un soignant qui doit réaliser une toilette en 10 minutes alors que celle-ci nécessiterait le double de temps, ne va pas pouvoir pratiquer le soin avec des gestes lents et doux et va donc provoquer des douleurs lors de la mobilisation de la personne ; il ne pourra pas non plus effectuer une toilette complète du corps, l’obligeant à ne laver que le visage et les parties intimes ( pas de rasage, pas d’ongles coupés, ni d’oreilles et de lunettes nettoyées) ; il ne prendra pas non plus le temps de faire choisir à la personne les vêtements qu’elle souhaite porter selon son goût et son envie du jour ; il ne pourra évidemment pas prendre le temps de discuter quelques minutes avec elle et ne lui proposera pas un peu de maquillage, de parfum ou une jolie coiffure…..
Un soignant qui dispose de 2 minutes pour aider une personne âgée totalement dépendante pour les repas, devra faire le choix du plat à donner prioritairement car lui donner la totalité des plats de son repas ne sera pas possible, il fera également le choix de préparer des bouillies de semoule à la place de servir les plats du dîner car cela sera plus rapide. Le temps de repas dans ces EHPADs est un devenu un temps de « gavage collectif ». Nous sommes loin de la notion de plaisir, ce dernier plaisir qu’il reste à la personne âgée…. L’infirmier qui doit administrer les médicaments du matin en 1 minute, ne prendra pas le temps de demander au résident comment s’est passée sa nuit, ni même de l’installer dans son lit ou de le changer en cas de besoin, avant de lui donner une cuillère de compote dans laquelle ont été déposées les pilules réduites en poudre ; mixture qui restera collée au palais de la personne car le manque de temps ne permet pas de donner une deuxième cuillère de compote ou de lui donner un peu d’eau….

Les familles insatisfaites des prises en charge, à juste titre, culpabilisent d’avoir institutionnalisé leur parent dans un tel établissement. Ils n’ont plus confiance en l’institution et déversent leurs critiques et reproches sur les équipes soignantes, qui font pourtant tout leur possible avec les moyens dont elles disposent.

Les soignants sont contraints de piétiner leurs valeurs professionnelles et humaines parce que l’institution les y oblige. Pour les soignants, ces conditions de travail dégradées (pénibilité, sous-effectifs) engendrent des risques psycho-sociaux importants, tels que l’épuisement physique et psychologique, la démotivation et le burn-out. Les nombreux accidents de travail s’ajoutent à l’absentéisme déjà important et ne peut être compensé car il y a une pénurie de personnel qualifié et le secteur de la gériatrie n’est pas attractif.

Les financements des EHPADs ne sont pas en adéquation avec la réalité du terrain

La mise en place de la prime grand âge n’a pas été une action suffisante pour retenir et attirer les professionnels en gériatrie. De plus, elle est inéquitable car elle n’est pas versée aux infirmiers qui exercent en gériatrie. Les ASG (Assistants de Soins en Gérontologie) qui exercent principalement dans les unités de vie Alzheimer (UVA), touchaient une prime spécifique liée à leurs compétences spécialisées. Cette prime leur a été retirée pour être remplacée par la prime grand âge. Pourquoi ne s’est-elle pas cumulée ? Les ASG ne sont donc plus valorisés pour leurs connaissances et compétences spécifiques, comme cela était reconnu avant la création de la prime grand âge ? Cependant, ce n’est pas l’aspect financier le seul frein à l’attractivité des EHPADs, mais bien les conditions de travail et la pénibilité. Le CPOM (Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens) ne permet pas à ces établissements de s’équiper en matériel de manutention adapté et suffisant ainsi que d’augmenter les effectifs en lien avec la charge de travail : – Le tarif de l’hébergement est à la charge du résident ou de sa famille. – Les frais liés à la dépendance de la personne sont financés par les Départements en fonction du GIR (évaluation de l’autonomie) de la personne âgée. Cependant, le point GIR n’est pas valorisé de façon identique par chaque département. Cela implique que d’un département à un autre, la reconnaissance de la dépendance et l’aide humaine qui en découle ne sont pas identifiés et pris en charge de la même façon. – Les ARS financent les frais liés aux soins. Ses aides calculées en fonction des GMP (GIR Moyen Pondéré) et des coupes PATHOS (identification des pathologies et des soins requis) renseignés chaque année par les EHPADs, devraient être plus importantes. La création d’USLD (unité de soins de longues durée) n’est pas suffisante pour ces établissements dans lesquels la quasi-totalité des résidents relèvent d’une USLD. Si les financements ne permettent pas d’améliorer les conditions de travail en adaptant les moyens humains et matériels, dans ces structures lourdes en soins, ce n’est pas la peine de repenser la politique d’attractivité et la formation Aide – Soignante car les professionnels continueront de les fuir.

Formation AS, nivellement par le bas

Brader le diplôme d’AS, en rendant la formation accessible à des personnes qui peuvent répondre à une formation en cursus partiel, en leur allégeant partiellement ou complètement certains modules de formation (article 14 de l’arrêté du 10 juin 2021), va mettre sur le marché du travail des soignants qui n’auront pas toutes les compétences professionnelles et la motivation pour exercer en gériatrie. Ceci a été constaté lors de la pandémie, lorsque les jeunes bacheliers, fraichement sorti d’un Bac PRO, ayant suivi une formation accélérée de 70h pour venir rapidement en renfort dans les EHPADs, se sont retrouvés sur le terrain, cela fût catastrophique pour tous. Les soignants déjà débordés devaient travaillés en binôme et encadrer ces jeunes car impossible de les laisser seuls pour prendre en charge les soins. Les personnes âgées ont présenté des hématomes sur les jambes, des orteils cassés et des luxations car ces jeunes n’avaient pas les compétences et les connaissances du matériel de manutention pour pourvoir les utiliser sans être blessants. Ces jeunes, quant à eux, ne confirmeront probablement pas leur projet professionnel en gérontologie car cette première expérience les aura mis en difficulté et en échec.

Il est urgent que les EHPADs redeviennent de vrais lieux de vie, où qualité et sécurité des soins sont assurés, c’est ce que doit la société à ses aînés.

Contacts Presse : Jean Marc CARNEIRO – Mail : president@acteurs-sante.org – Port.: 06.36.37.01.16. Audrey FORASACCO – Mail : secretairegenerale@acteurs-sante.org – Port.: 06.62.62.49.01
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